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Les stupéfiantes visions de la couleur

De Georges Sécan me font

          Penser qu’il vit dans un paradis

Terrestre qu’à nous mortels

          N’est pas accordé. Quel ravissement !!!

Mon admiration

          Pour Ses merveilleuses peintures

Est un modeste hommage

         D’un pauvre « peintre de dimanche »

Comme

                               Eugenio  Montale  1969 

 


Eugenio Montale 1969


HISTORIQUEMENT   PARLANT

Il n’est de changement qu’axiomatique, ce qui veut dire dans l’art actuel, c’est à dire réellement post-dada, que s’élaborent les bases d’un tradition autre : seulement il faudra peut-être des siècles pour changer le conditionnement des réflexes psycho-sensoriels de la plus part des amateurs comme de la plus part des artistes, d’où les confusions de ‘modes‘ dans lesquelles se congratulent tant de médiocres que l’histoire de l’art oubliera aussi vite. 

    Ce n’est pas le moindre mérite de Sécan de pouvoir montrer des œuvres qui dès les années 1942-44 étaient morphologiquement et lyriquement ‘autres’: à part Hans Hofmann (pour qui le terme d’expressionnisme abstrait fut créé), et Mark Tobey (le premier à avoir intégré des leçons essentielles de l’extrême-orient), je ne vois, en dehors de la conjonction esthétique Gorky-Miro, à peu près rien dans ce sens, avant les avancées épiques de Fautrier, Still, Wols, Motherwell, Hartung, Mathieu, et la suite, c’est-à-dire, depuis, une heureuse continuité qui peu à peu engendrera une ‘tradition autre’, entérinant des axiomes de structures autres pour exprimer un enchantement ‘autre’ aussi, mais bien entendu essentiellement de ‘type’ artistique.

         Sécan, heureusement, dépasse l’informel de ce fait qu’il le signifie artistiquement car dans ‘signifiants de l’informel’ le mot artistiquement important était bien ‘signifiants’ dégageant la décision esthétique objectivée, ‘l’informel’ étant une matière totalement neutre, donc disponible non moins totalement, comme l’est la terre humide du sculpteur dans son baquet. Rien de plus, surtout  donc pas un style…mais que de bêtises ont déclanché ce mot (je me sens responsable du mot dans l’art et en langue française, aussi dois-je dénoncer les abus de langage que l’on en fait, et il y en a !). Aussi je suis heureux quand je fais des interférences avec des artistes dignes de ce nom comme Sécan, qui est au cœur du problème, et qui le dépasse en grand style.

 Michel Tapié

 

 

Certainement, dans les tableaux de Sécan c’est possible de diagnostiquer, tout d’abord, un angoissé expressionnisme, vivifié par fort tendances informelles, avec des gestes et des couleurs spontanés.

Certainement nous entrons dans une aventure toute chromatique, où la langage ignore le support de géométries méditées et reconnaissables ; le spectacle est une explosion d’une très haute gradation, laquelle engendre un magma qui se stratifie sur la toile dans des combinassions hallucinantes et suggestives, Et aussitôt, nous sommes au centre et au cœur de conglomérats minéraux, là où naît le mystère de l’améthyste et du rubis, Mais, à une seconde et plus attentive observation, on perçoit que les images voilent une nostalgie secrète : la casualité des formes, comme les fumées de la prêtresse delphique, exige une lecture initiatique, cèle et suggère mystérieuses figurations. Comme ces châteaux de nuages qui embrouillent bagarreurs et somptueux symboles dans les hauteurs Élyséennes percées par les jets. Au-delà de ces apocalyptiques stores, au-delà des rideaux dévastés par un tremblement de la terre, relue le caché Eldorado: la chère et douce terre en attendant nos pas et nos battements de cœur.   

Domenico Porzio

 

 

«  Georges Sécan donne toujours des apports précieux aux moments les plus vifs de son art. Sécan va jusqu’au fond de lui-même, il a surtout écouté les mouvements les plus intimes de sa mémoire et de son cœur.  Ce qui jaillit de prime abord de ses tableaux c’est presque toujours une vague rythmique et musicale de thèmes picturaux purs. Mais ces thèmes maintiennent un rapport étroit avec la réalité : il y a le ‘ chant du coq’ qui déchire le silence de la nuit et annonce la lumière imminente de l’aurore, il y a la lutte inexorable, terrible, des éléments qui s’affrontent mortellement, il y a l’élévation des âmes en prière qui aspirent au divin, il y a le rythme à la fois plastique et vibré d’éléments qui s’apaisent avec une harmonie suprême, obéissant à une volonté plus grande d’ordre et de lumière.  Au course de cette période ardente et expressive, Sécan nous apparaît comme étant l’adepte d’une peinture qui veut atteindre les émotions les plus profondes afin de secouer l’âme pour l’élever jusqu’à la lumière. Sécan, en quelque sorte, affronte avec des instincts très modernes le monde des visions, en essayant de cueillir dans chaque contenu auquel il touche, l’essence temporelle et émotive d’une présence cachée, que son inspiration révèle et dont il nous livre les battements et les frémissements les plus intimes.  Sécan, dans toutes ses œuvres, nous entraîne vers une présence intérieure, qui vibre à l’unisson avec le cosmos. »

Giorgio Kaisserlian

 

 

 « J’ai rencontré Sécan autour des années 1933-1934, quand Jaques Guenne dirigeait l’ Art-Vivant. Que d’années depuis… Georges Sécan me semblait trop jeune, mais il dessinait déjà avec exaltation et il peignait avec élan.  Dans les ruines de ma bibliothèque, saccagée pendant l’Occupation, j’ai retrouvé des feuilles de papier d’Ingres recouvertes de ses dessins.  J’ai conservé précieusement le portrait qu’il fit du poète Max Jacob, portrait sobre et expressif.  Ce portrait est l’ ébauche de celui qui se trouve au Musée de Quimper, et qui conserve dans son intégrité  le visage du dernier paladin du monde occidental, mort dans le camp de Drancy comme un saint et comme un martyr chrétien.  C’est connu, Sécan aime se refléter et s’inspirer du milieu naturel qui l’entoure.  Peint–il des paysages dans le sens traditionnel du terme ?  Absolument pas.  Il engage un dialogue avec les forces de la terre.  Ses interprétations singulières de la nature ne sont pas des reflets de la réalité telle qu’elle se manifeste à nos sens et à notre connaissance. À l’opposé des Impressionnistes, il fait table rase de cette lumière éternellement changeante qui pulvérise tout ce qui est solide et réduit la matière à l’état d’un corps fluide ou d’un corps vaporeux.

Au contraire des Primitifs du Nord, il ne fait pas l’inventaire des objets qu’il a devant lui.  Il n’exprime ni leur poids, ni leur densité, ni leurs valeurs tactiles.  Il contemple l’univers avec les yeux purs et fascinés d’un visionnaire.  Il l’anime, il lui insuffle un élixir de vie et il le spiritualise.  Tandis que la plupart de ses contemporains conçoivent le tableau comme une surface recouverte de couleurs assemblées dans un certain ordre, Sécan la rend humaine en la dramatisant.  Les fleurs de Sécan sont des fleurs légendaires, elles ont la beauté des insectes diaboliques aux ailes phosphorescentes.  Ces fleurs vénéneuses s’opposent absolument au végétaux des planches de botanique.  Elles sont issues d’un recueil de merveilles.  Elles dominent comme dominent les fées et les incantations.  L’ange du bizarre, qui le guide et qui veille sur son destin, entraîne Sécan au-delà des scènes de la vie silencieuse.  Les chimères le séduisent.  Dominé par le charme, Sécan franchit, tel le héros de Dante, le seuil de l’empire infernal des damnés.  Mais les ténèbres dans lesquelles il pénètre n’ont pas le pouvoir de freiner son élan.  Il les traverse résolument et il aborde dans un royaume céleste inondé de lumière. »  

Waldemar George

 

 

 

«  Il est des moments pendant lesquels le tumulte oppressant du monde moderne, son implacable progrès scientifique et mécanique, sa prolifération quantitative et ses triomphes matériels nous laissent insatisfaits, remplis de doutes et de secrète nostalgie.  Alors nous nous adressons aux poètes, aux musiciens, aux peintres qui nous apportent ce ‘supplément d’âme‘  que le philosophe Bergson invoquait à l’aube de ce siècle.  Parmi les artistes qui nous révèlent, au-delà de l’immensité extérieure, l’infini du monde intérieur, l’un des plus attachants est bien le mystérieux Georges Sécan. 

«  Citoyen du monde et gentilhomme de la peinture » ainsi qu’on l’a appelé, Sécan possède une personnalité extraordinaire, discrète, modeste, extrêmement généreuse et active, une culture raffinée, une sensibilité qui atteint le paroxysme, un amour sans limites pour la nature et pour les hommes.  Grand voyageur, il a parcouru le Nord et le Midi, l’Italie, à laquelle il s’est beaucoup attaché, et les contrées lointaines de l’Asie et de l’Afrique.  En lui se réalise vraiment le cas exceptionnel d’un homme international, non pas superficiellement mais en profondeur.  L’art de Sécan est à l’image de l’homme.  Il ne dépend d’aucune école, il n’appartient à aucun pays, il est au dessus de tous. En lui nous retrouvons à la fois un métier très élaboré qui s’est formé d’abord en France, puis en Allemagne – et qui a été poursuivi et approfondi régulièrement au cours d’une carrière d’une trentaine d’années – et simultanément, conséquence d’un tel travail, une liberté extrême, de sorte que sa peinture intègre dans une synthèse superbe le réalisme et l’abstraction ; ce qui a retenu même l’attention de Paul Klee, avec qui il a travaillé, et du groupe des Informels.  Deux éléments la caractérisent : une rapidité fulgurante, aussi bien dans les tableaux immenses que dans les toiles toutes petites mais aussi complètes que les grandes, et une parfaite économie des moyens.  Il lui suffit pour peindre d’avoir trois gros pinceaux et six couleurs, soigneusement préparées par lui-même en faisant cuire des coquillages pour obtenir une matière inaltérable : un blanc de zinc, une terre brûlée, un jaune citron, un bleu d’outre-mer, une laque et un minium.  En les mélangeant subtilement, il obtient les nuances les plus délicates, en associant une unité d’ensemble sure et harmonieuse, aussi bien avec des gris foncés et raffinés relevés par  des blancs éblouissants, qu’avec des ocres pourpres qui s’alternent à des bruns somptueux.  La fraîcheur de l’ébauche est obtenue non pas à partir de la gaucherie ou de la pauvreté arbitraire et théorique, comme c’est le cas chez la plupart des peintres contemporains, mais grâce à la sûreté infaillible de la connaissance technique : voici le secret de la peinture de Sécan.  C’est ainsi qu’il domine la difficulté du métier, en se montrant sévère envers son œuvre, en éliminant impitoyablement tout ce qui n’est pas parfaitement ‘réussi’, Sécan peut alors exprimer à l’aide de la peinture ce qui le touche le plus profondément et qui donne un sens à ses toiles.  Pour lui les choses ont un langage que la plupart ne peuvent comprendre, à cause de l’aridité de leur cœur, de leur égoïsme sensuel et matériel qui les rende sourds.  Sécan, lorsqu’il peint, est souvent obsédé par la musique, car pour lui les nuances de la peinture correspondent à celles de la musique.  Cette assimilation des deux arts, qui a été le souci de nombreux peintres modernes, et en particulier des peintres abstraits, est aussi celui de Sécan.  Mais il ne la trouve pas comme eux dans des jeux superficiels de rythmes.  Ses toiles ne ressemblent pas à la Suite en rouge et bleu de Kupka, le premier tableau abstrait : elles harmonisent les résonances et les nuances différentes, tout en conservant leur caractère propre, et le résultat est une symphonie picturale qui touche l’âme.  Les thèmes représentatifs, autrefois dominants, apparaissent désormais  de temps en temps dans l’œuvre de Sécan, pour qui tout dans l’univers est intimement humain.  Ses ‘marionnettes’ de 1946 lui ont été inspirées par le sentiment de la fragilité de notre espèce, qu’il sentait pendant la dernière guerre mondiale, quand la société devenait comme un ballet de fantômes sur une scène provisoire.  C’est la comédie de la vie qui se déroule quotidiennement devant les yeux du philosophe. Le sujet essentiel de Sécan est souvent dans la nature déserte, immense, dans laquelle les éléments composent un drame éternel et mystérieux.  En face de ce monde si pesant il éprouve un découragement intérieur dont on perçoit tout le frémissement dans les touches palpitantes de son pinceau.  Ce sentiment des grandes forces cosmiques est très rare dans la peinture occidentale.  Dans l’Antiquité on appelait ‘Grand Pan’ la force vertigineuse du cosmos que les hommes essayent de capter pour des usages d’une efficacité terrifiante.  La fonction de l’art, qu’un peintre aussi profond que Sécan a compris, consiste à nous situer à nouveau devant cet univers infini qui nous enveloppe si intimement et qui oublie notre civilisation mesquine et momentanée, étourdie par des illusions bruyantes.   Delacroix n’avait-il pas déclaré : ‘ Je suis pour l’infini, contre le fini’ ?

L’œuvre de Sécan fait partie de celles qui nous livrent un message et qui est d’autant plus important qu’il ne se limite pas seulement à une rébellion ou à un renoncement comme tant d’autres, ou à une subtile mais fictive invention de l’esprit.  Dans l’art de Sécan il y a une résonance du cœur, une inclinaison sensible pour la réalité qu’il domine sans cesser de la regarder, de la caresser affectueusement, de sort que le détachement des mystiques asiatiques, de même que le pessimisme amer des romantiques de XIXe siècle, lui sont étrangers.  Il y a dans sa peinture un accent de bonté et d’amour qui fait vibrer les couleurs et les formes avec une secrète ivresse dans laquelle on sent l’espoir, toujours vivant dans le cœur de l’homme, de retrouver le paradis perdu dont l’art restera toujours le meilleur témoin et le dernier prophète. »

Raymond Charmet

 

 

 

 

La peinture de Sécan, louée depuis plus de trente années par beaucoup de critiques, de Waldemar George à Charmet, à Chastel, peut paraître somptueuse et mue par une inspiration riche et épanchée, mais on toujours perçoit quelque chose d’orageux aux sens mais bien aussi une agitation de l’intelligence ; ainsi, le tableau ce charge de matière de couleur chaude et de violence expressive.

Si je fusse le chef d’orchestre d’un grand théâtre lyrique, je lui confierais les scènes d’une œuvre wagnérienne, non pour limiter ses possibilités, mais, plutôt, pour mettre son imagination face à face avec une grande œuvre d’un Maître : grâce à le tumulte de ses tableaux, Sécan donnerait une équivalente picturale à celle musique si somptueuse et, dans le même temps, si tumultueuse et dramatique.  Dans les tableaux qui nous avons vus pendant ces années, dans les plusieurs d’exhibitions présentées en Italie, on perçoit combien riche est sa disponibilité et on reconnaît comme Waldemar George eût raison. 

Marco Valsecchi

 

 

 

 « Sécan est parmi les personnages les plus déconcertants de la peinture contemporaine : il est en dehors de tout courant artistique et pourtant les plus grands critiques ont parlé de lui ; il est capable de faire un portrait cueilli sur le vif en l’espace de quelques minutes et de flâner de par le monde des années entières, mais de temps en temps il aime s’isoler du monde et des hommes, pendant des mois et des mois, pour se retirer dans une lointaine maison de campagne pour peindre seulement, utilisant ses couleurs spectrales, mystérieuses, qu’il aime fabriquer lui-même au moyen d’alchimies secrètes. »

Giorgio Mascherpa

 

 

 

«  Engagement de la peinture et non pas, comme on dit d’habitude, peinture engagée.  Celui qui peint est toujours et constamment engagé, à un résultat principalement, à une recherche, à une découverte ou à une re-découverte.  Sécan est du nombre de ces observateurs, parfois mutins, qui passent indifféremment d’un portrait très fin et important à une composition plus libre et sans frontières, dont les effets se font sentir au-delà d’une limite mesurable temporellement.  Ses expositions, en revanche, font date, et on s’en souvient bien qu’il soit plus difficile de se rappeler de la sinuosité multicolore de quelques-uns de ses titres, joyeusement ironiques : ‘ Attente bouleversante…’, ‘Sacrifice et vocation’, et d’autres encore, expressions littéraires en apparence, marquées par les couleurs de sa palette.

Mais il ne s’agit pas de littérature dans ces titres, ils appartiennent plutôt au contexte d’une tradition sentimentale et intellectuelle Parisienne qui autorise toutes les possibilités de fuite et d’évasion, mais surtout de retour, en tant que méditation sur les valeurs du timbre d’une variation ininterrompue du langage parlé, qui caractérise la bonne peinture.

La nature de son tempérament est présente comme une ligne constante sur laquelle il est possible de situer tout un itinéraire de moyens d’expression qui convergent vers ce qui restera à jamais l’essence éternelle de la peinture, c’est-à-dire, être et rester peinture, et pour le peintre, être et rester peintre, quel que soit le registre adopté, le monde interprété, les inventions ou les fantaisies, afin que la légende ou l’auréole de l’artiste acquièrent couleur et vitalité.  Sécan est un peintre, et la violence douce de ses tableaux n’est qu’une sorte de libre épanchement et d’affirmation vibrante de toutes les libertés auxquelles civilisation et culture à la fois nous ont habitués.  L’art n’est pas fait de mots, mais de silence et de mystère.  Sécan interprète l’un et l’autre et il en fait de la ‘ peinture’.  Voila pourquoi, en nous référant à lui, nous utilisons l’expression ‘ engagement de la peinture’ plutôt que d’autres formules à la mode aujourd’hui. » 

Renato Giani

 

 

 

Je crois que l’habitude la plus chère à Georges Sécan soit quelle de l’Italie.  Il a courut le monde, il a connu beaucoup de pays – parce que il est fondamentalement, un esprit cosmopolite, un de ces hommes de nos jours malheureusement rares, qui se sentent en harmonie avec les gens les plus diverses – mais, depuis que je le connais, par plusieurs d’indices j’ai compris clairement qu’il réserve à l’Italie une place très particulière dans son cœur.  Il habite Paris, où il a étudié peinture, où depuis beaucoup d’années il est justement reconnu un Maître. Pleinement maître de la technique, et pourtant jamais tombant dans la virtuosité, il a un langage expérimenté et immédiat.  Sa belle couleur peut atteindre les notes les plus hautes sans incertitudes.  Dans sa fougue créative, Sécan sait mettre d’un seul jet sur la toile mélanges denses et précieux et, vice versa, éteindre glacis aériens ;  bref, il réussit admirablement à tramer un tissu chromatique qui bien seconde le dynamisme qu’il sait conférer à l’ensemble.  

Mario Lepore

 

 

“Pour Sécan l’art apparaît comme une divinité bifrons : une face reflète la réalité extérieure, le réel ; l’autre face, la réalité intérieure, l’esprit.  «  Dans sa peinture – écrit Jean-Paul Crespelle  dans France-Soir – on perçoit le sens immédiat et le sens secret, profond, de ce monde tragique qu’est le sien, que l’on peut découvrir, à condition d’aller au-delà des apparences.» 

Dans ses toiles, où se niche souvent le silence, on perçoit une atmosphère musicale, organisée par les rythmes.

Sécan a quelque chose de mystique. C’est un mystique comme on peut l’être de nos jours, persécuté par l’immédiateté des manifestations de notre extraordinaire, fascinante, mais ennuyeuse, civilisation des machines. 

J’entends un mystique non pas par réaction mais par nécessité intérieure et, précisément, à cause de cela, avec une attitude particulière devant la fuite toujours plus rapide du temps.  En 1948, Sécan écrivait dans Kunsthefte : «  L’homme, toujours plus éloigné de lui-même et s’écartant toujours plus des lois éternelles qui gouvernent et décident de sa propre vie, toujours plus déchaîné dans ses fausses passions dignes de Babel , cet homme a perdu la notion du Nouveau – le sens sublime de la vie. »  Des paroles de Delacroix reviennent à la mémoire, comme un avertissement. «  La nature réserve aux grandes imaginations des hommes à venir plus de choses nouvelles à dire sur ses créations qu’elle-même n’a crée de choses. »

Sa peinture jaillit de sa mémoire, purifié des éléments sensoriels qui deviennent un événement inauthentique, un ensemble de détails secondaires.  La transfiguration va au-delà du possible, c’est- à-dire  qu’elle dépasse la connaissance.  D’où le sens de nouveauté de ses représentations ; d’où le charme subtil qu’elles transmettent à celui qui les regarde et qui en est touché.

Sécan fait vivre pour nous un monde fantastique, dans le silence duquel nous avons l’impression d’attendre l’apparition de la vérité ; cela devient le message d’une autre vie : la révélation du mystère.  Il est écrivain et critique, musicien aussi à cause des vacances qu’il s’accorde sur le clavier. Un homme complet du point de vue intellectuel et par là même très jaloux de sa liberté, ce qui rend très difficiles ses rapports avec les marchands.  Sécan ne veut pas avoir des impositions, ni subir des contraintes.  Récemment, il s’était engagé pour une série d’expositions aux États-Unis Tout avait déjà été fixé : galeries, lieux, dates.  Mais une soudaine résipiscence, le souci de devoir se soumettre à des choix, à des directives, l’a poussé à tout décommander. »

Garibaldo Marussi

 

 

 

À Sécan, expressionniste, n’intéresse pas ce que, pour ancienne tradition, les voyageurs étrangers aimaient trouver chez nous.  Lui, plutôt, il cherche et il trouve, en Italie, les immobiles enchantements du soir, les phosphorescentes réverbérations de l’orage survenant, la solitude, le silence, en bref le mystère.  Il agit par impulsion, avec coups de pinceau vigoureux et denses, qui dans certains tableaux peuvent rappeler Vlaminck.  On pourrait penser à un tempérament autoritaire, même colérique, et au contraire il est un gentleman raffiné, modeste, extrêmement aimable.

Dino Buzzati

 

 

 

Quelques grands tableaux de Sécan sont en train de partir pour New York; actuellement il vit entre Paris et Milan. Son art est très spiritualisé et il réponde à tensions métaphysique selon un ordre musical.  La maîtrise technique, qui sait s’organiser en vastes surfaces, même de 5-7 mètres, avance en harmonie avec l’engagement moral, la ferveur de la dénonce, la sévère qualité de l’alerte.  Du magma, des visages affleurent, comme en invoquant saisons plus cléments ; symboles et allégories ruissellent de couleur.  Mais le déchiffrement des contenus ne mortifie pas les raisons intimes et autonomes de la peinture, les voix du subconscient.  La série des fonds marins, le salut, il semble, de la vie, paraître particulièrement heureuse.  On pense à Pollock, mais sans désespoir, avec espérance, résistant même  si dans la lutte féroce entre le bien et le mal.

«  Feux de la paix et de la guerre », était le titre d’un tableau pour lequel Sécan a reçu les congratulations de U Thant, en occasion de sa présentation au ONU l’année passée.

Alberico Sala

 

 

 

Cela fait bien des années désormais que je vis parmi de nombreux peintres et artistes, quelques-uns très connus même, mais jamais il ne m’était arrivé ce que j’ai vécu hier après-midi, quelque chose qui ressemble à un exploit.  J’ai rencontré dans la rue Sécan, artiste peintre en veine de plaisanter, et qui m’arrête sur le trottoir, en face d’un café : « Ne bougez pas – m’impose-t-il – il y a une luminosité étrange dans votre chevelure révolutionnaire ».  Je ne m’étais pas encore tout à fait arrêté que déjà il esquissait mon portrait sur un boute de papier ; d’un coup de crayon rapide et nerveux, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il dessina à la manière d’Ingres, non pas un, mais deux petits portraits : l’un, debout, le sourire aux lèvres, l’autre, une petite tête au visage sérieux, presque ennuyé.  Il fit cela avec une rapidité telle que les clients du café, qui étaient sortis pour voir ce qui se passait, manifestèrent leur surprise.  Comment définir un tel prodige ? Je savais que Sécan, au cours de ses expositions, se divertit à faire des esquisses des visiteurs et c’est l’occasion pour quelques-uns d’avoir leur portrait fait par un grand artiste. Sécan, de même que Matisse, éprouve le besoin de se servir au moins du crayon, comme s’il voulait se libérer soudain de cette poussée artistique que les peintres d’aujourd’hui, bien plus que par le passé, et du fait des conditions de vie et de pensée différentes, sentent en eux.  Il est certain que je n’aurais jamais imaginé que Sécan puisse dessiner avec une rapidité telle, deux portraits si ressemblants, aussi bien dans le physique que dans le caractère.  Le Maître rentrait d’un de  ses pèlerinage où il se rendait depuis plusieurs jours, comme s’il avait eu un vœu à exaucer, un dernier souhait à satisfaire, celui de saisir grâce au pinceau, une perception magique qui semblait vouloir lui échapper.  Dans la peinture de Sécan on sent toujours l’étreinte d’émotions exceptionnelles qui ne sont jamais fin à elles-mêmes.  En effet, Sécan est un exception, en tant qu’homme et en tant qu’artiste et son altruisme est hors du commun.

Aujourd’hui tous les artistes, sans exception, sont lancés et soutenus par des galeries ou des marchands de tableaux.  Sécan ne cache pas son indifférence à leur égard.

Rinaldo Corti

 

 

Dans chaque tableau de Georges Sécan on peut avertir les timbres d’une symphonie fantastique.  Ce sont des compositions musicales de couleur, particulièrement significatives, qui naissent dès impulsions de sa méditation philosophique et humaine, de sa profonde et sincère nature d’artiste.  Ce sont des oeuvres qui correspondent à des intenses vibrations poétiques, chargées de spiritualité.  La palette de Sécan est violemment expressive.

Franco Passoni

 

 

L’œuvre picturale de Sécan se présente très complexe, ainsi il peut arriver que le spectateur, égaré ou capturé par les aspects les plus éclatants, s’éloigne de l’exacte compréhension des motifs fundamentals qui la soutiennent.  Elle se présente, en effet, comme une expérience toute tendue à réaliser une forme aigue de l’expression, laquelle ne dédaigne pas la violence du geste, ni l’excitation chromatique la plus violente.  La véhémence, presque informelle, du geste, et la coloration ardente, poussée aux timbres les plus élevés – même si, ensuite, tous adoucissent leur contrastes entre une tonalité dominante, presque toujours dense et chaude – peuvent suggérer une classification de l’œuvre picturale de Sécan dans le cadre d’un néo-expressionnisme ; mais, en effet, de ces aspects qui aussitôt s’imposent aux yeux de spectateur – en suggèrent, entre autres choses, une base d’improvisation sur des impulsions de nature viscérale – il faut retenir ce que en eux est, à son tour, vraiment essentiel.

Il faut, en d’autres termes, comme toujours, pourtant, parcourir de nouveau à rebours l’itinéraire parcouru par l’artiste, parce que il soit possible reconnaître lentement, au dessus des apparences, lentement dénuées de leur propre agressivité, le caractère visionnaire de cette peinture, et donc descendre au même cœur d’une attitude spirituelle qui tend, comme par un inné sens de pudeur, à se créer des masques.  Seulement ainsi, c’est-à-dire transperçant d’un coté à l’autre l’apparence de la matière picturale épaisse et violente ; en laissant décanter le geste péremptoire et convulse qui l’étale sur la toile ; en filtrant, enfin, la couleur brûlante, le noyau authentique de la peinture de Sécan peut affleurer, remonter à la surface, et le spectateur peut réaliser que ce noyau est un ganglion, un nœud étroit de sentiments, continuellement noué, défait, renoué grâce à une ardente imagination.  Un nœud de sentiments en continu état d’alerte :  l’état d’alerte, ou inquiétude morale, typique de l’homme qui désire de rêver et, dans le même temps, connaît par expérience, combien les tares naturelles de la réalité quotidienne soient contraires aux rêves.  L’apparente violence de la peinture de Sécan est avant tout le signe de son opposition aux naturelles contrariétés de la vie quotidienne.  C’est, au contraire, l’écran, le bouclier derrière lequel son imagination, si on ne veule pas dire ses rêves, peut s’exprimer et devenir peinture.  C’est possible reconnaître comme, pour tant de suivants contrecoups sensitifs et culturels, elle semble rappeler, dans le monde présent, un très original message d’une émouvante expressivité.

Luigi  Carluccio

 

 

 

Sur le fil d’une aigue participation aux évents de la psyché profonde, Sécan est engagé à capturer les énergies primordiales, les forces ctonies, les sens mystérieux que continuellement il pressent ; à rendre visible présence ce qui est invisible.  D’ici s’ensuivent des œuvres qui, à raison de la haute spiritualité dont elles sont animées, se proposent à l’observateur avec la force révélatrice propre à la «  découverte » : œuvres qui déchirent le voile de la connaissance sensualiste, conditionnée par l’habitude visuelle, et qui éclairent un monde autre dans lequel matière et pensée, connaissance objective et impulsions inconscientes s’enveloppent dans un enchantement inattendu.

Depuis le loin 1942, Sécan agissait sur la ligne de l’abstrait, avec des résultats probants : le cercle de son aventure se conclut donc, au présent, avec ces œuvres que Michel Tapié met à l’enseigne du subformel, et qui sont témoignages de la vitalité créatrice qu’a toujours soutenu l’artiste.

Carlo Munari

 

 

 

À faire vibrer d’une secrète beauté les lumières de la palette de Georges Sécan pouvait être soit une impulsion violente et sensuelle, soit le mystique ardeur d’un esprit séraphique ( mais il pouvait être aussi tantôt l’un, tantôt l’autre à palpiter dans ses toiles les plus vastes, comme dans la fascinante image qu’il sait évoquer dans un carré de splendide peinture).

De même façon, Sécan peut paraître et être le vertueux d’exception, vrai spadassin du pinceau dès vertigineuses élégances et, en même temps, le champion de l’essence picturale la plus pure ; le fruit, en bref, qui a l’âpre saveur du sauvage mais, aussi bien, la fragrance la plus délicate des jardins. Ainsi, à la fin, l’homme, comme son œuvre, ils vivent dans leur propre individualité libre, rendent vain chaque effort de ceux qui cherchassent de les caser en quelque –soit école ou tendance, même s’il s’agit de la peinture de Sécan avec ses timbres très hauts et toujours florissants de lumière.  L’extrême liberté de ses connotations chromatiques, la flexibilité même de son langage, confèrent toujours à la peinture de Sécan, ainsi ardente de matière et de lumière, le début le plus riche et dynamique à la création fantastique d’un nouveau domaine spatial.  C’est son monde.  Un monde qui à chaque fois, peut paraître sorti dès cauchemars ou dès rêves d’un visionnaire, presque comme l’émanation visuelle de ces énergies de l’émotion et de la sensibilité de l’artiste dans le même temps qu’ils viennent à se pousser au dehors du tourbillon de la couleur, avec la fureur hallucinée du subconscient toujours pressée, pourtant par les résonances spirituelles les plus profondes, où on perçoit même les aspirations les plus secrètes de ceux qui regardent, presque avec nostalgie, aux paradis perdus du Beau et du Bon.

Angelo Dragone

 

 

 

Ce n’est pas facile de définir Sécan. Il croit à l’inspiration, à son caractère péremptoire dans le cadre de la création.  Ses œuvres, quelques fois aussi polyvalentes, sont même tragiques pour leur somptuosité, et ils attribuent universalité même dans l’événement le plus simple.  Sécan aime les couleurs et, grâce à son étonnant habilité, les utilise dans les façons les plus imprévisibles.  Les éléments chromatiques sont: le rouge, qui est passion et seconde l’élan émotif de l’artiste; le jaune, qui chauffe l’image, en lui donnant expansion et dynamisme; les autres couleurs donnent un sens visionnaire à la fantaisie créatrice.  Il a un profond sentiment de religiosité; dans une extension cosmique, bien entendu.  Il est constitutionnellement un moraliste qui exhorte sans prêcher et il ne censure pas, comme tous ceux qui ont respect des sentiments humains, et il craint que quelqu’un puisse les offenser.  En voyant Sécan ébaucher un rapide esquisse, j’ai compris combien d’importance ait, dans sa créativité, l’impulsion, l’improvisation.  À partir d’un ardent désir indéterminé, il précise dans le « faire », le sens même du faire et son signifiant; ainsi il ne peut qu’agir dans la liberté inventive la plus absolue,  langage et expressivité inclus, évidemment, parce que rien n’est préconstitué ou conventionnel dans sa peinture.

Marcello Azzolini

 

 

 

Avec une décantée culture sur le raffiné courant d’ascendance française, avec un langage décliné sur des paradigmes d’une élaboration continuelle, sensible aux nouveautés d’une inquiète recherche, Sécan impose un style original, authentique.  L’usage d’une matière chromatique dense et brillante, trempée de lumière dans les vives touches ( la pure technique peut s’aligner aux manières de l’informel ou du tachisme), dès tonalités gris-terre aux envahissants rouges brûlants, quelquefois à pointes d’audacieux verts effervescents, se révèle en composites couches escaladées entre un espace suggéré, qui dévient milieu d’une vaste aventure spirituelle.

Annamaria Raini Beltrame

 

 

 

La nature de Georges Sécan, de sa peinture, est certainement variable, inquiète. Le contrôle, la méthode, dans quelle acception qui sous-tend une «  constante » rationnelle, ne sont pas de termes applicables en ce cas d’une communication toute émotive et gestuelle, confiée à la violence expressive de la couleur.

Un art qui, dans son orageuse impétuosité, est plutôt un genre de brûlant panthéisme visionnaire.

Roberto Sanesi

 

 

 

Celui de Sécan est un langage inique. Dans le cadre de la grande peinture, il peut arriver, rarement, de faire face à un croisement plus agile et riche, et pourtant si fortement caractérisé par une empreinte unitaire, comme dans l’histoire de cet artiste élevé.  Devant les tableaux de Sécan, chaque observation superficielle se révèle impossible. Parce que il s’agit d’une peinture qui «  croit » : elle lève devant nos yeux, traînant la pensée vers les sentiers solitaires de la conscience, elle prend un de tes instants de silence, de douceur, et te mène avec gentillesse, mais avec fermeté, vers les zones lointaines de la mémoire ; elle cristallise pour un moment un de tes gestes casuels et le transfère dan l’amphithéâtre magnifique où les grands drames de la vie sont célébrés ; et n’existe pas aucune manière pour une considération détachée, pour une lecture hâtive ; en première personne tu te trouve à l’improviste protagoniste de ce tableau, plongé profondément dans le tissu picturale, toi-même acteur et régisseur en ceux vastes espaces tourmentés par la pressante intervention de l’artiste.  C’est évident que une peinture si puissante, si insinuante qu’elle entraîne directement l’observateur grâce justement à son composant magnétique, est au dehors de quelque soit définition.

Ni en la définissant, pourrait apporter quelque chose à son fascinant pouvoir. Mais nous reste quel inquiet désir d’aller outre, de comprendre profondément, de saisir le secret, même pour un moment, de ses empâtements poignants, de ses glorieux cabrages, de ses abîmes incandescents.

Lisetta Belotti

 

 

 

 

Le connaisseur technique le plus habile, le critique le plus adroit et expérimenté, réussiront avec difficulté à tirer de l’art de Sécan une phrase-formule plus ou moins audacieuse, si non arbitraire comme est d’habitude aujourd’hui, spécialement pour paraître” je-sais-tout”, au moins dans la magie des mots.

La fabuleuse peinture sécanienne, les empâtements inimitables de sa palette, la voix mystérieuse qui l’appelle à se hasarder dans l’œuvre, comme dans une espèce de mystère orphique, échappe chaque profonde analyse probante. Ainsi, comme il est toujours arrivé seulement pour les vrais créateurs, dans tous les temps.  Sur ces toiles vivantes, il palpite un sens d’accord poétique et musical, résumé entre une peinture insondable dans sa genèse psychologique et dans son ineffable expression esthétique.  Sécan n’est pas l’épilogue et, néanmoins, le disciple d’une école : il a crée une école sa propre, un art à lui parfaitement fidèles à son originale sensibilité artistique.

Igino Senesi

 

 

Sécan continue à conserver la fraîcheur de son immuable jeunesse, l’ardente imagination qui tire ses origines dès ancestrales émotions humaines, que seulement un peintre comme lui ( encore prêt à la surprise et à l’expérimentation) peut sentir. Il a trouvé de nouveaux et originaux accents, en scrutant en soi-même et y retrouvant un autre «  soi-même », un nouveau subconscient, primordial, métaphysique, absolument étranger à notre commun subconscient, survécu en nous pendant des millénaires, et duquel, ému et bouleversé, l’artiste a tiré la substance créatrice de son style actuelle.

Nino Nava

 

 

Il n’y a pas de doutes que, dans la peinture de Sécan, on peut reconnaître quelque uns des moments les plus hauts de le historique de l’art moderne: du fauvisme à l’expressionnisme, du surréalisme à l’informel et au gestualisme d’une très particulière action painting. Pourtant,  jamais de la vie il sera possible reconduire même un seul tableau de Sécan entre les schémas prédéterminés d’une tendance, dans le cadre constructif d’un mouvement ou d’une école.  Chaque tableau de Sécan, même dans son extrême versatilité de langage, ou, mieux, justement grâce à sa propre perpétuelle disponibilité expressive, grâce à sa propre naturelle disposition à tout horizon,  chaque tableau de Sécan, je le répète, est un fait poétique indépendant, est un unicum dans le contexte de l’entière production artistique planétaire, un acte de l’esprit, transféré presque physiologiquement, dans une concrète dimension picturale.  Chaque tableau de Sécan est un événement irréméable et irremplaçable, sorti exclusivement d’une supérieure énergie vitale qui refuse et rejette opiniâtrement toute influence extérieure, soit intellectualiste soit psychologiques, qui ne pactise ni avec l’instrumentation culturelle ni avec les éphémères suggestions émotionnelles et sentimentales.

Chaque tableau de Sécan est un rite, est une « cérémonie » sacrée dont il maintient, intactes, toute la vigueur, la pureté, même la cruauté : C’est le geste d’un magicien, ou, si nous voulons, d’un saint ; et ce n’est pas par hasard que un des  critiques parmi les plus célèbres de France, Claude Roger-Marx du «  Figaro Littéraire », a écrit que «  Dans les yeux de Sécan on voit une sorte de sainteté. »

Luciano Budigna

 

  

Il me semble une caractéristique de l’oeuvre de Sécan la recherche d’une expression en balance entre les deux termes de spiritualité comme recherche cognitive ( peut être avec une impulsion mystique) et de élégance, très française, naturellement.

D’ici, vient une particulière tension, même picturale, où la soudaine impulsion de nature émotive, on peut dire surexposé, sert presque à catalyser, justement en direction picturale, les contradictions de deux exigences en elles-mêmes antithétiques. Avec résultats d’élaborée abstraction, et étranger à rythmes scolastiques : riche, au contraire, de qualités techniques, émotionnelles, ou fantastiques, surtout grâce à la couleur dans sa violence expressive.  Impulsion qui n’est pas fin en soi, lisible plutôt comme métaphore grâce à un vif et séduisant composant de sensitivité.

Massimo Carrà